lundi 4 mai 2009

"Tu as pu te connecter?"

La question rituelle du chef de mission, chaque matin, "tu as internet, toi?" dit bien à quel point la ficelle qui nous relie au reste du monde est devenue essentielle tant au travail qu'à la vie des nomades que nous sommes...
Parfois, le soir, à quelques minutes d'éteindre l'ordinateur, je suis interpellé par un ami, un collègue, en mission quelque part sur la planète... "Tu es où ?", "Tu fais quoi ?", "Jusqu'à quand es-tu là-bas ?"... Questions banales de collègues qui font le même métier, connaissent la même incertitude sur le futur, savent que tout dont ils ont besoin tient dans une valise et un sac d'ordinateur...
Aussi, ce matin après le petit-déjeuner, lorsque la directrice adjointe de l'hôtel m'a annoncé qu'il n'y aurait pas d'Internet aujourd'hui, je n'ai pas pu m'empêcher de lui dire que lorsqu'elle me réclamera la note mensuelle, il se pourrait bien que mon règlement soit en panne, comme la connexion...

Ce week-end, pas de voiture (le chauffeur était parti voir sa mère malade, dans le nord), une connexion intermittente, pas la moindre compagnie... heureusement, il restait la télé, les livres, la salle de sport... Pas difficile de devenir asocial, dans de telles conditions !

Travailler dans un projet financé par la Banque Mondiale, je croyais naïvement que ce serait vraiment cool, que j'allais apprendre de nouvelles procédures... Et je n'ai pas été déçu : de nouvelles procédures, j'en ai découvert !
Ainsi, pour pouvoir organiser trois malheureux ateliers de travail avec les directeurs de services des ministères, il a fallu monter un dossier, qui a été soumis le 8 avril au bénéficiaire du projet (le gouvernement de l'Etat de Kaduna), en la personne du directeur de l'administration de l'Etat. Le coordinateur du projet a envoyé une demande de fonds, pour payer la location des salles et les repas des participants (on peut estimer généreusement le montant d'une telle opération à au moins 2000 euro). Et depuis, on attend... "Vous savez, les procédures de la Banque..." nous répond-on régulièrement avec un regard entendu...

Pour éviter de rester inactifs, nous avons commencé d'autres opérations (les "livrables", dans le jargon, qui n'est qu'une pauvre traduction de l'anglais "delivrables")... Et si les fonds n'arrivent pas, je contournerai l'obstacle !

Quand on pense que la plupart des projets sur lesquels j'interviens, consiste à améliorer la productivité de l'administration locale... C'est la Banque Mondiale, qu'il faudrait d'abord réformer !

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