vendredi 30 novembre 2007

Séquence météo

Après le bain du vendredi, je m'allonge sur mon lit et le corps lourd des fatigues de la semaine, je ferme les yeux. Je me retrouve instantanément en promenade dans les rues de Skopje, il fait froid et je suis emmitouflé dans un bon blouson. Je marche le long du Vardar, les cafés sont encore fermés, des bandes de jeunes gens se retrouvent et rient en arpentant le centre commercial... je traverse le pont de pierres et marche dans la vieille ville turque, tout aussi morte que la partie moderne...

Plus loin dans ma rêverie, d'autre dimanches après-midi affleurent, sédiments de mémoire, où s'entassent les heures de solitude du Sunday afternoon blues, à Moscou, à Prague...

Puis d'autre dimanches après-midi de fin d'hiver, à Bucarest, plus précisément à Cotroceni, où les villas ont du être si belles, mais sont si peu entretenues... Longs dimanches après midi arrachés à la solitude, une main dans la mienne et des projets d'avenir qui ont fini en disputes et malédictions...

Le froid me manque presque, le ciel presque toujours bleu devient une plaie : je rêve de nuages, et quand par chance le ciel m'en donne, je les regarde avec joie ! Ils sont comme autant de preuves que le monde existe encore !
L'autre soir, le soleil se couchait derrière l'immeuble et de ma fenêtre, le ciel devenait mauve... Il m'a fallu ouvrir la fenêtre, vérifier que je ne rêvais pas, et j'ai abandonné pour quelques instants le sauvetage du monde, pour m'envoler vers la lune... jusqu'au moment où deux hélicoptères sont venus déchirer le rêve et re-dessiner l'affiche d'Apocalyspe now...


L'arrivée dans le compound d'un couple de jeunes égypto-américains a apporté un souffle d'air frais dans les conversations d'après travail ! Politique, cinéma, livres, critiques du monde et de ses dérives, nous passons de longs moments à discuter comme des européens ! J'avais presque oublié combien c'est bon de se secouer le cerveau !

On a failli aller à Camp Victory, aujourd'hui... Mais manque de chance, on est sous alerte, on craint des représailles contre les compounds occidentaux du quartier, après le mitraillage d'un bus par une patrouille amerluche.
Demain, toutefois, une sortie est prévue pour la Zone Internationale : bonne occasion de faire un peu de shopping pour Noël, finalement ! J'hésite à commander encore des keffiehs... je crois que j'ai saturé tout le monde en keffiehs !

Les vacances approchent : j'ai mon ticket pour Amman et la réservation de l'hôtel. Jawad veut qu'on passe la soirée ensemble à Amman, avant de m'accompagner à l'aéroport ! Perspectives des plus réjouissantes ! Vacances... Amman, cela sonne comme une douce musique, presque comme la vision de l'oasis au loin ! Et encore au-delà, après bien des tractations, ce sera la Provence !

vendredi 23 novembre 2007

Ma sortie bi-mensuelle!

Je sais, ça fait sourire, quand je dis que je me suis offert une sortie au PX, le magasin des militaires dans la Zone Internationale. C'est vrai, quelle sortie ! Un grand hangar bourré jusqu'à la gueule de produits amerluches tous plus étonnants les uns que les autres.
Prenez seulement le rayon des médicaments : antibiotiques, gouttes pour les yeux, antalgiques divers et variés, j'ai même trouvé de l'extrait d'ail, je sais plus pour quoi !

Je passe sur la viande séchée, les assortiments de noix, les cookies, et je me dirige vers le rayon des suppléments alimentaires. J'hésite un long moment à m'acheter ces gros sachets de protéines qui filent de gros muscles ; j'ai peur de chopper l'air niais du culturiste sur la photo de l'emballage.

Me serait bien acheté un mug, mais y en avait plus de marqués Camp Liberty, et Operation Iraqi Freedom, non, ça c'est trop!

Je craque sur un sweat shirt : il commence à faire frais et le soir, pour parcourir les trente mètres qui séparent mon immeuble du restaurant, faudra pas tarder à se couvrir. en plus, il y a une inscription ironique sur le sweat shirt qui me plaît bien : il y a une carte d'Irak et il est écrit "j'y suis allé, j'ai fait ça et je me suis acheté le t shirt".

Eugenio, le collègue péruvien achète un sac aux couleurs de l'uniforme amerluche, qu'il qualifie de post-moderne. Faudra que je m'offre un dictionnaire franco-péruvien, je ne sais pas ce que le sac a de post-moderne. On dirait simplement un sac pour faire les commissions comme quand j'étais gosse : plus long que large, avec des poches dedans. Ils le vendent comme un sac où l'on peut mettre son casque et son gilet pare-balles... vois pas l'intérêt d'offrir ça à sa fille... Ceci dit, moi, j'ai bien rapporté des keffiehs à mes enfants... On devient petit à petit complètement déphasés dans ce pays !

Au rayon de l'électronique, je craque, puis j'hésite, puis je recraque, avant de m'éloigner, puis de revenir et de finir par m'offrir un iPod. Après tout, ça fait six mois que je suis là, j'ai bien droit à un petit cadeau, non ?
Depuis, la séance de musculation est plus rythmée, et le soir, quand je m'en vais à la salle télé fumer mon narghilé, je peux emporter ma musique avec moi !


L'autre soir, au bar du compound, grande discussion avec un geek du projet. Encore un type au parcours qui ferait matière pour un roman. Génération sixties, guerre du Viet Nam, comme sniper, puis hippy qui parcourt les US et le monde, avant de devenir informaticien. Il vit à son rythme, comme tout geek qui se respecte : son bureau est toujours encombré de reliefs de repas, de tasses de café, il y a deux ordi ouverts en permanence, et il vient au déjeuner avec un gros bouquin de théories économiques. Il me dit que le genre humain a devant lui une alternative simple : s'auto-détruire à brève échéance, ou comprendre exactement comment marche l'humain. Ni l'un ni l'autre ne me semblent bien enthousiasmants. Nous parlons de Keynes et du coût des rêves et des décisions irrationnelles dans l'économie un long moment... Ca fait du bien de délirer et de se prendre pour des intellos !
J'en profite aussi pour lui apprendre à rattraper la petite goutte qui coule de la bouteille de vin quand il a fini de se servir. Ca lui évitera de secouer la bouteille comme un flacon de ketchup.

vendredi 16 novembre 2007

let's get international!

Сколько воскресенье после обеда я был пешком в пустых улицах, в Праге, в Бухарест или Пекин ... Здесь нет такого понятия, как пустое воскресенье днем ходить. Я только см. улицы через окно нашего бронированные автомобили.

На этой неделе, кажется, повстанцы начали вновь свою деятельность: несколько бомб взорвались в этом городе. Конечно, мы обеспечены, в нашем комплексе. Однако некоторые иракские коллеги подтверждают, что безопасность на улицах улучшается. Они снова согласиться, чтобы перейти на некоторых министерствах, где они были испытывая чувство довести учебных материалов, несколько недель назад.

Значения температуры понизились быстро, в последнее время: на прошлой неделе, я мог бы еще ходить в комплексе в течение короткого рукава рубашки, сейчас, мне нужно с длинными рукавами. Небо не всегда удачно ... синий есть облака, иногда!

Четверг вечером, с моими коллегами, мы в настоящее время используется для собирается строка комплекса и некоторые ЛИВАНСКИХ пить вино. Мы стараемся не говорить бизнеса!

vendredi 9 novembre 2007

Morceaux épars d'un vendredi parmi d'autres


Le vendredi, c'est l'oasis de solitude entre deux semaines d'agitation et de labeur... Je dors tard, je prends un long bain, je lis...

Le corps ne se laisse pas facilement domestiquer, et travailler dans un environnement réduit et clos, sans possibilité de liberté de mouvement est une contrainte bien plus éprouvante que l'insécurité relative due à la guerre civile. Entendre de temps en temps quelques rafales dans la rue, une explosion, ce n'est rien comparé à cet étirement du temps proportionnel au rétrécissement de l'espace.
Mais paradoxalement, on en vient à aimer sa prison, à ne plus souhaiter la quitter. Le moindre petit avantage qu'elle procure devient un luxe dont on ne veut pas se passer. On devient progressivement asocial, mutique, et pourtant extrêmement dépendant des contacts avec l'extérieur. Les discussions quotidiennes sur skype sont des moments de liberté, une conversation un tant soit peu libre avec un collègue prend des allures d'espace mental libre...

L'alentours se restreint à un environnement professionnel, et on est comme sur scène en permanence ; il n'est pas possible d'être soi, en dehors de quelques rares circonstances. Les muscles du visage deviennent plus difficiles à décontracter, les épaules sont lourdes... On développe une sorte d'indifférence polie à l'autre, et d'indifférence tout court aux circonstances. Certains trouvent dans la revendication de conditions de vie meilleures un terrain d'expression. J'en suis arrivé au point où je me fous de la qualité de ce que je mange, de la qualité de l'air...
Je fais de mon mieux pour éviter la servitude aux émotions, je me robotise, pour échapper aux effets de la privation de liberté.

Je me procure des instants de liberté et de joie cachée, secrète, et je laisse le reste couler comme l'eau sur le dos du canard.