vendredi 9 novembre 2007

Morceaux épars d'un vendredi parmi d'autres


Le vendredi, c'est l'oasis de solitude entre deux semaines d'agitation et de labeur... Je dors tard, je prends un long bain, je lis...

Le corps ne se laisse pas facilement domestiquer, et travailler dans un environnement réduit et clos, sans possibilité de liberté de mouvement est une contrainte bien plus éprouvante que l'insécurité relative due à la guerre civile. Entendre de temps en temps quelques rafales dans la rue, une explosion, ce n'est rien comparé à cet étirement du temps proportionnel au rétrécissement de l'espace.
Mais paradoxalement, on en vient à aimer sa prison, à ne plus souhaiter la quitter. Le moindre petit avantage qu'elle procure devient un luxe dont on ne veut pas se passer. On devient progressivement asocial, mutique, et pourtant extrêmement dépendant des contacts avec l'extérieur. Les discussions quotidiennes sur skype sont des moments de liberté, une conversation un tant soit peu libre avec un collègue prend des allures d'espace mental libre...

L'alentours se restreint à un environnement professionnel, et on est comme sur scène en permanence ; il n'est pas possible d'être soi, en dehors de quelques rares circonstances. Les muscles du visage deviennent plus difficiles à décontracter, les épaules sont lourdes... On développe une sorte d'indifférence polie à l'autre, et d'indifférence tout court aux circonstances. Certains trouvent dans la revendication de conditions de vie meilleures un terrain d'expression. J'en suis arrivé au point où je me fous de la qualité de ce que je mange, de la qualité de l'air...
Je fais de mon mieux pour éviter la servitude aux émotions, je me robotise, pour échapper aux effets de la privation de liberté.

Je me procure des instants de liberté et de joie cachée, secrète, et je laisse le reste couler comme l'eau sur le dos du canard.

1 commentaire:

  1. Dehors, dedans.

    Expression, introspection.

    L’homme se voit dehors, se vit dedans. Malheureusement, l’heure n’est plus aux philosophes, aux ermites, à la réflexion universelle…
    La réflexion se mesure aujourd’hui à l’aune des pages publiées, aux minutes d’antenne, à la taille d’une échancrure de chemise blanche…
    L’exception d’une vie se jauge à ce qu’elle a de visible, de plébiscitée.

    Vivre l’exception dans la solitude est un paradoxe : richesse intérieure, déchéance sociale. Aujourd’hui toute chose a un prix. Sans prix rien ne peut être et l’inexistence de tout marché ôte toute notion de prix, de valeur. La difficulté est d’estimer sa propre valeur, loin du regard des autres.

    Qu’il est dur de grandir ! Qui parmi les plus grands n’a pas failli dans sa volonté pour se ressaisir ensuite ?

    Brel disait : « il y a les vivants et ceux qui sont en mer »… Bagdad est une mer, un océan où les esprits sont appelés à se perdre pour mieux se retrouver.

    Te souviens-tu de la fable du laboureur et ses enfants ? Le trésor est en toi et ton environnement est ton labour, ton labeur dans lequel tu as la chance incomparable de fouiller pour le trouver. La peine est grande, la sueur abondante, le désespoir omniprésent mais ta richesse est au bout du chemin. Bien sûr, il se pourrait que tu sois le seul à pouvoir la discerner quand tu l’auras acquise…

    Qui pourrait avoir la prétention d’être ton supérieur pour juger de ta valeur ? Encore une fois, la vie est plurielle. Pour pouvoir l’intégrer sereinement, il faut en saisir les cloisonnements.
    Ta claustration est palpable, l’ouverture sur toi est sans limites mais tellement irrationnelle…. Mais comme plus d’un d’entre nous, rien ni personne ne t’a préparé à ça. Tu es seul et le resteras. Les gens exceptionnels doivent payer ce tribut.
    La solitude ne se partage pas, l’échec et la déchéance génèrent le rejet et la réussite est souvent incomprise. Etre et paraître est un sujet digne du bac, en revanche, être et accepter d’être ou vouloir être est un sujet dont le problème ne peut se résoudre qu’avec soi-même.

    Les choix exceptionnels demandent des sacrifices exceptionnels et le problème dans l’exception est sa propre exception.
    Pour paraphraser Ferré, « ce qu’il y a d’encombrant dans l’exception, c’est que c’est toujours l’exception des autres… »

    Ta vie est exceptionnellement dure parce que exceptionnelle. La richesse de la vie a un prix bien autre que celui qui peut se mesurer au bas d’un relevé bancaire.

    Mais je te comprends… Qui peut comprendre ça ? A commencer par soi ?

    Je doute donc je suis, tu doutes donc tu es.

    Take care brother, I'm close to u

    Thierry

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