lundi 1 juin 2009

La dialectique du manque et du trop plein, ou la vocation de la nostalgie

Il y a chez certains voyageurs une mélancolie qui n'appartient qu'à eux, un regard absent, un vide jamais comblé, un tourment sourd et invisible, comme une malaria endormie qui se réveille parfois en violente crise...
Ils sont bien là, assis face à vous, mais dans leur cœur, un ailleurs les appelle silencieusement, comme une promesse jamais tenue de félicité éternelle.
Et sitôt partis, ils pensent aux moments passés ensemble et regrettent de ne plus être assis face à vous.

Jamais en paix, jamais satisfaits, il leur faut toujours partir vers l'horizon, vers cet ailleurs qui brille au loin... Là-bas, là où se couche le soleil, c'est là qu'ils voudraient être, mais ils ne trouvent la paix que dans le mouvement, que dans un futur brillant, jamais accompli.

Un pied dans le passé, l'autre lancé vers le futur, ils vivent sans vivre, entourés de points d'interrogations, d'incertitudes. Ils sont comme le vent, lancés contre les montagnes, levant le sable furieusement, apaisant la brûlure du soleil, ils sont à peine arrivés qu'ils sont déjà repartis.

Ils ont dans la tête les légendes des grands voyageurs qui les ont précédés, la légende des ports et des routes, et veulent à toute force en toucher la poussière, graver au fond de leurs yeux l'image de la légende, en écrire leur page. Ils savent bien que leurs traces s'effacent déjà, que rien ne subsistera de leurs rêves. Mais vit-on pour chevaucher les légendes, ou pour labourer le réel ? Ils ont fait leur choix...

Ils ont à jamais la nostalgie d'un futur impossible, ils portent cachée au cœur la blessure de cet ailleurs qui n'existe que dans leurs chimères et le manque de ceux qu'ils aiment, éparpillés à la surface du globe.

2 commentaires:

  1. Putain que c'est bien écrit!
    En te lisant, je me suis retrouvé... C'est peut-être pas pour rien qu'on est frères...
    Et le plus étonnant est que je suis peut-être en train de prendre une décision qui pourrait être un remède à ce mal-être que nous savons si bien dissimuler. On en reparlera...

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  2. Cet article est vraiment MAGIQUE!

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