vendredi 13 juillet 2007

INSTANTANES, IMAGES, UN SOUVENIR D'ALI ET NOUVELLES DE LA VIE PRÉSENTE


Jeudi soir, soirée organisée pour le départ de Hamouda. On boit du vin libanais et hongrois, de la vodka et du whisky, on rit dans toutes les langues... Sans doute est-ce la personnalité de Hamouda qui veut ça : la fête est détendue, tous se retrouvent pour un moment et pour dire au-revoir à un collègue qui a choisi de partir pour rester fidèle à son exigence de qualité, qu'il estime ne pouvoir respecter dans le projet ici.

Un PSD va se faire coiffer et laisse sa kalachnikov à deux pas du fauteuil du coiffeur.

Ali Shakir dit que le français, ça sonne comme le chant des oiseaux. Dans la salle de muscu, il soulève des poids de dingue ! Il rit quand je lui dis qu'il exagère !

Le projet recrute, et lors d'un entretien, un candidat renonce au poste proposé, quand il apprend qu'il faudra aller dans les ministères. Il dit :"Quatre de mes collègues ont disparu ces dernières années, en circulant dans Bagdad. Je préfère un emploi de bureau à proximité de là où je vis."

Le soir, vers huit heures, la lumière devient douce et colore les palmiers et les maisons. On se croirait presque en été dans le sud de la France, quand il a fait très chaud, mais que la soirée apporte un peu de fraîcheur, quand on débouche le rosé et qu'on allume le barbecue, quand on sait qu'on va passer une bonne soirée entre amis...

La nuit, quand le ciel est clair, on voit très bien les constellations. C'est la porte ouverte sur le rêve. Je ne me prive jamais de regarder briller les étoiles, ici...

Des immigrés américains me racontent à quel point la société là-bas est matérialiste, chacun pensant d'abord à sa voiture, son téléphone mobile, insouciant du reste du monde. Je n'en demande pas tant de leur part. Leur description ne fait que conforter la vision d'une Amérique décadente.

Le soir, après avoir marché, Jawad, Ali et moi, on s'assoit sur la terrasse du Flamingo, le bar du compound. Et on discute. De tout, de rien, comme il convient quand on fait ça tous les soirs. Ce soir-là, Ali nous raconte un souvenir d'enfance.
J'ai déjà parlé ici d'Ali, grand père jordanien d'origine palestinienne, rond et facétieux.

Il se souvient d'une nuit de 1947. La Haganah menaçait d'attaquer son village. Ceux qu'on appelait les terroristes étaient les sionistes, en ce temps-là.
Son père avait une crise de coliques néphrétiques, cette nuit-là, et pourtant il fallait fuir, laisser la maison et fuir, de peur d'être massacré. Sa mère vint le réveiller et lui dit de se préparer, de faire vite... son père pouvait à peine marcher, mais il prit la route avec eux. La mère avait pris son plus jeune fils sans le réveiller, elle le portait contre elle, avec le coussin sur lequel il dormait.
Après avoir marché quelque temps, son père a dit qu'il ne pouvait pas aller plus loin, qu'il resterait là sur le bord de la route. Et Ali et sa mère ont poursuivi le chemin, terrorisés, dans le noir absolu...
Après un moment, sa mère s'est rendu compte avec un sentiment d'horreur que ce qu'elle portait contre elle, ce n'était que le coussin, que le bébé n'était pas là! Que dans sa hâte, et avec le souci du père qui ne pouvait pas les protéger, elle avait cru emporter son enfant, mais qu'elle n'avait pris que le coussin...
Il fallait retourner de toute urgence à la maison, pour récupérer le bébé. Sur le chemin, Ali se souvient de son père qui souffrait, et qui les encourageait à se dépêcher.

Il termine l'histoire en disant qu'il lui a fallu cinquante ans pour retourner dans son village. Et que le plus douloureux pour lui, était de se rendre compte qu'une grande partie des villages qui étaient là auparavant avaient purement été rasés. Il ne restait même plus un tas de pierres pour témoigner qu'avaient vécu là des familles, pendant des générations.

Pour finir, des nouvelles du cousin de Hala : il va mieux, il a été transféré à Amman et son état s'est amélioré.

5 commentaires:

  1. Très honnetement j'ai eu du mal à comprendre le récit de la fuite du village, peut-être y a t il trop d'élipses pour mon petit cerveau fatigué! Mais je prendrai le temps de le relire à tête reposée. Pour ne pas faire dans le commentaire original je me contente de te dire que tu écris vraiment bien! Si je te "bats" en photo, tu as (encore) le dessus sur moi au niveau de la plume ;)
    Gros bisous papa!
    BirbOuille DLDTDP

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  2. Je rejoins le commentaire d'Elsa sur l'écriture... Chacun son talent, l'essentiel étant de le faire fructifier (vous vous souvenez de la parabole du talent ?). Cela dit, plus tu avances et moins je t'envie, je ne sais pas si j'aurais ton courage. Mais quel enrichissement !!! Fi de la platitude communautaire, développement de l'introspection, remise à niveau des valeurs... Tu as les pieds dans la cour des Grands et de ce point de vue, là effectivement je t'envie. Allez brother, take care and keep secure...

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  3. Bon, on ne va pas faire dans l'original, tes écrits nous font vraimen partager cette aventure ! A chaque ost on se dit : vivement le suivant, que va t il raconter cette fois là ! Dumas à Baghdad, ou plutôt, pour parler photo, Boro à Baghdad. Elsa peut poster des photos quelque part et nous les montrer, j'ai hâte ! Attention à toi

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  4. Ca me fait bien chier mais ils ont raison, ce qui est le plus dur à admettre est qu'en plus tu ne perds pas ton temps.
    J'aime bien cette idée de rire dans toute les langues. Le tien est internationnal.
    bon fais gaffe. à bientôt au fouilloux anne

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  5. Hello guy!

    How is going ?
    It should be hard to be there but the small funny time that you have sounds good!
    I follow in french...
    C est beau de te lire. J etais avec toi pendant quelques minutes.
    J ai le sentiment que tu passes des moments extraordinaires mais des moments pas droles du tout en meme temps. Tu me confirmeras ou pas. Mais du coup, les bons moments que tu cites on l air exceptionnels.
    Ecris un livre...
    I hope to see you soon. I gonna be at home in september. I decided to go back earlier because NZ is to small and i don t have any project here. So, I gonna think to another country but with a real project.
    Have fun!!
    Cya.
    Amandine.

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