vendredi 10 août 2007

Légère brise sur Bagdad


Parfois, le bruissement du vent dans les palmes et le bruit sec des dattes qui tombent sur le sol est un peu lassant ; on rêve qu'il se passe quelque chose pour secouer la torpeur.

Jeudi soir, c'est un peu la sortie des classes, on se lâche, on s'organise une vodka partie, un poker improvisé, on sort les narghilés... bref, c'est un peu la fête !

Cela crée les circonstances favorables pour qu'il se passe quelque chose d'inhabituel. Hier, ce fut une explosion de violence et de colère... Un conflit inter culturel, une dispute d'après boire, difficile à dire... Et après tout, peu importe. Simplement, quand cela se passe, on regrette d'en être témoin.

Ces jours-ci, le compound était déserté par les employés irakiens, à cause du couvre feu. On travaille au ralenti, on trouve le temps de lire les documents qui s'empilaient sur le bureau, de ranger les papiers, on envoie des mails et on lit les journaux...

Dans mon esprit, les vacances se précisent, je cherche notre logement à Séville, je me mets à rêver, le manque des enfants se fait encore plus fort...
En même temps, une inquiétude surgit : saurai-je me réhabituer à la vie dans le monde normal?

Nous déménageons, (nous = la division formation) vers un autre compound, le 15 août. Je veux faire en sorte de préparer tout les employés au changement de lieu, mais je ne reçois l'information qu'au compte-goutte. Le couvre-feu n'arrange rien.

C'est la première fois que je reste si longtemps en mission, et pourtant, comparé à mon souhait, c'est une goutte d'eau... Le temps est long, les jours se suivent et ont tendance à se ressembler. Mais mon énergie et mon enthousiasme ne sont pas entamés ! Chaque jour est, bien que très semblable au précédent, une expérience nouvelle... Il y a chaque jour un détail, un micro événement qui vient agrémenter la trame de la monotonie.

Il n'y a pas de courage particulier à être ici, par rapport à n'importe quelle ville, si ce n'est que je suis chaque jour face à mon plus implacable ennemi, et que je dois combattre avec vaillance et sans trêve. Il est là, tapis dans ma poitrine, parfois étouffant, parfois vaincu et soumis... le doute. Il est là, et je ne dispose de rien pour m'en distraire.

4 commentaires:

  1. Bonjour Philippe,

    Nous avons toujours plaisir à te lire...
    Je crois que le jour ou on ne doutera plus, nous aurons des certitudes et nous seront alors de vieux cons.
    Le temps passe à la fois très lentement et très vite, cela dépend de l'endroit ou l'on se trouve. Mais comme dirais le lama truc chouette, il sert forcement à quelque chose.
    Merci pour tes nombreuses visites sur le blog, c'est vrqi que ca fait plaisir de lire et de voir que l'on pense à soi quand on est loin. Bientot, tu vas pouvoir serrer Alban et Elza dans tes bras. Et tu verras combien le fait d'etre père est délicieux.
    J'ai hate de te voir fin aout en France.
    Je t'embrasse.
    Yolande.

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  2. Bon ben y�a plus qu�� refaire�oui parce que toi, tu ne dois pas tout comprendre. Alors, je te raconte l�histoire de ce commentaire. Bizarre qu�un pauvre commentaire sur un blog ai une histoire�bref.
    Apr�s avoir lu ton dernier article, je t�entais tant bien que mal de t��crire un message. � Tant bien que mal ? , mais pourquoi elle dit ca ? �
    Et oui, je te devine devant ton ordi, l�air dubitatif. Tant bien que mal parce que d�une part, j�avais vraiment envie de te laisser un message sur ton blog. Je sais � quel point ca fait plaisir de lire � 2 commentaires non lus �, � ah ben, y�a des gens qui pensent � moi ! �. Aussi, parce que tu dois etre un des plus assidu chez nzamandine.skyblog.com.
    Mon mal � �crire venait et vient toujours d�ailleurs du fait qu�hier soir on a f�t� les 30 ans d�une amie, Tatiana. On est sorti�tard�tr�s tard, et on a bu�un peu�enfin�un peu plus que ca�Toujours est-il qu�aujourd�hui je suis � l�envers. Mais, je suis contente parce que maman a pu d�couvrir l�underground wellingtonien. On l�a fait � la facon kiwi, c�est-�-dire, on marche dans les rues, on rentre dans un bar, on prends un verre, et puis on repart�pour une autre ambiance�Le probl�me ici c�est qu�il y a plein d�ambiance � prendre�alors � la fin de la soir�e, t�a march� un truc comme 5km sur un p�rim�tre de 1km� et tu comprends pas pourquoi la rue dans laquelle tu marchais il y a 3h �tait toute droite � l��poque et que maintenant elle a des virages�
    Mais, y�a quand meme un truc qui m�echappe ce matin, c�est que la Yo, hier soir p�t� la forme, je veux dire, quand on est rentr� � 4h du mat�. Et au moment ou je t��cris, je suis affal� sur l�ordi, en pyjama, dans le brouillard et maman a d�j� pris sa douche, elle est habill� et elle va commencer � se maquiller�a comprends pas l�. C�est qui qui a 50 ans ?
    Enfin voil� finalement j�ai reussi a t��crire quelque chose et en plus tu as des nouvelles en exclu car nzamandine.skyblog.com n�est pas encore au courant de notre escapade de la veil. J�attends un peu, le weekend n�est pas fini.
    Je t�avais dit d�autres choses sur le premier essais du style : � si si, il faut du courage pour vivre et travailler dans de telles conditions �, et puis aussi � � te lire, ca a l�air tendu�enfin plus que d�habitude �.
    Voil� mon histoire est termin�e.
    Tu vas bient�t retrouver les amours de ta vie.
    Je te fais des bisous.
    Amandine.

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  3. je ego moi parle par la voix d'autres illustres...
    Montaigne a dit : philosopher, c'est douter...
    Galilée a dit : le doute est le père de la création...
    et anatole France a dit : doutons même du doute...
    Putain, la chance que tu as !

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  4. Ta prose ne peut me laisser indifférent, surtout sur le fait de « douter »…
    Plutôt que de te livrer mes propres réflexions, une fois n’est pas coutume, « je, ego, moi, personnellement » va laisser la parole à d’autres, autrement plus crédibles…

    Douter, ce n'est pas s'installer dans l'incertitude; c'est nourrir, l'une après l'autre, deux certitudes contradictoires. [Robert Merle]

    Atteindre le doute du doute, c'est le commencement de la certitude. [Léon Daudet]

    Nous savons si peu ce que nous faisons en ce monde que je doute même si le doute est vraiment l'action de douter. [George Gordon, Lord Byron]

    Si le doute est un moyen de se préparer à connaître, c'en est un aussi de se tromper : j'ai douté à tort quelquefois. [Jules Lequier]

    Autant que savoir, douter me plaît. [Dante]

    Le doute est père de la création. [Galilée]

    En doutant, on atteint la vérité. [Cicéron]

    Doutons même du doute. [Anatole France]

    Plus on sait, plus on doute. [Pie II]

    Qui ne doute pas acquiert peu. [Léonard de Vinci]

    Le doute est l'école de la vérité. [Francis Bacon]

    Le doute est le sel de l'esprit. [Alain]

    Chercher à connaître N'est souvent qu'apprendre à douter. [Madame Deshoulières]

    La pensée naît du doute. [Laurent Genefort]

    Le beaucoup savoir apporte l'occasion de plus douter. [Montaigne]

    Le doute est le commencement de la sagesse. [Aristote]

    Et enfin, celle-ci est ma préférée : Il faut douter du doute. [Anatole France]

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