mardi 14 avril 2009

le blanc, là

Le pire danger qui guette l'expert international, principalement en Afrique, c'est l'ethnocentrisme. Teinté d'une condescendance de bon aloi, il masque mal le racisme dont il est une expression autorisée, propre, basée sur l'expérience. Après 25 ans d'Afrique, on s'autorise à dire tout le mal qu'on pense de cette culture, dont le sous développement est l'essence.
C'est ainsi qu'on entend ce genre de florilège :
"Le sous développement, ce n'est pas le manque d'argent, c'est le manque d'intelligence. C'est parce que la moitié d'entre eux sont nés avec la moitié d'un cerveau qu'ils ne pourront jamais se développer"
"Ils n'ont pas la culture de l'excellence, ici, pour eux, tout est bien assez bon... Ils ne feront jamais, comme les japonais, le pas qui permet de se dépasser"
"Exactement comme le socialisme, l'islam est un système sous développant : on y pourchasse toute innovation"
"Ils sont tellement stupides que chaque fois qu'on leur pose une question, on dirait qu'ils tombent de leur cocotier"
"Combien de Prix Nobel ont ils reçu : zéro, c'est bien la preuve de leur incapacité à inventer. Ils ne sont bons qu'à répéter"

Comme si le développement ne pouvait avoir qu'une forme, comme s'il n'y avait qu'un seul bon mode de vie, le mode de vie occidental. Comme si l'Europe était un paradis où chacun se bat pour faire toujours mieux, pour servir son pays, son patron, sa boîte... Cette vision étriquée d'un monde noir et blanc, où le blanc est bon par essence, puisqu'il a inventé le moteur à explosion et le noir, par essence, nul, puisqu'il n'a inventé aucune technologie.

Comme si les différences de conditions générales géographiques, historiques, culturelles n'avaient pas de signification, pas de valeur...

Attention, qu'on ne se méprenne pas. je ne suis pas en train de verser dans l'angélisme tiers-mondiste. Il y a beaucoup à critiquer dans les systèmes politiques et économiques en Afrique. Je ne suis pas, et de loin, un spécialiste, d'ailleurs. Ce que je veux dire, c'est à quel point de genre de discours simpliste de la part de quelqu'un qui connaît par ailleurs bien le continent, est insupportable. Cette condescendance, qui fait que bien que s'installant sur le contient pour sa retraite, on critique les êtres sans distinguer ceux qui avancent et font avancer leur cause, leur pays, leur continent ou même simplement leur famille, de ceux qui ne font rien bouger. Comme s'il n'y avait que des Prix Nobel en Europe, que des génies à la peau blanche, comme si le reste du monde ne portait pas son contingent de nonchalants, de feignants, de menteurs, de niais, d'idiots...

3 commentaires:

  1. On peut faire pendre n'importe quel homme en citant de lui n'importe quel propos extrait de son contexte et, ce, surtout lorsque le propos a été déformé sciemment.

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  2. En citant de lui n'importe quel propos extrait de son contexte, on peut faire pendre n'importe quel homme. Cela marche encore mieux quand le propos est déformé.

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  3. C'est toujours mieux de déformer, ça facilite la compréhension ! C'est toujours plus facile de rester anonyme, aussi,pour dénoncer et faire pendre...

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