mercredi 22 avril 2009

Une visite impromptue à la Sécurité

Le Nigeria a mauvaise réputation, paraît-il. Mais on dit aussi que Kaduna est une ville tranquille. Et voilà qu'avant hier, puis ce matin, la réputation du Nigeria s'est confirmée, et celle de Kaduna en a pris un coup !

Il y a quelques semaines, un groupe de canadiens membres du Rotary traînaient à l'hôtel, visibles de loin avec leurs polos jaunes et l'air de sortir du magasin d'articles pour explorateurs tropicaux... Ils étaient apparemment venus pour distribuer des médicaments...

Et puis, va savoir ce qui est vrai et ce qui relève des rumeurs et autres fantasmes, une des membres du groupe aurait suivi un homme chez lui, et serait depuis retenue en otage. On parle d'une demande de rançon, mais par ailleurs on nous dit que le, ou les, ravisseurs n'ont pas pris contact avec les autorités...

La première alerte vient du réseau du consulat, qui joue bien son rôle et avertit les français de prendre des précautions : pas de sortie nocturne seul, pas de visite chez des gens qu'on ne connaît pas...

Deuxième alerte, ce matin, lorsque le coordinateur du projet vient nous chercher a l'hôtel pour nous conduire à la Sécurité. On voit que lui même n'est pas rassuré. Il y aurait aussi une histoire de photos prises dans la rue à Abuja...
Nous voilà donc, le chef de mission et moi, habillés en experts Banque Mondiale, à la Sécurité. On commence par nous faire attendre un petit quart d'heure, avant qu'un fonctionnaire tout sourire vienne nous chercher et nous accompagne dans son bureau, où sont serrés des fauteuils de jardin en plastique.
Il nous fait remplir des formulaires où l'on doit indiquer, outre la raison de sa visite dans le pays, le nom de son père et de sa mère, sa tribu d'origine, (pas facile quand on est tout mélangé), et autres informations destinées à nous sauver la vie si nous étions enlevés nous aussi... Il nous explique, toujours souriant, qu'ils ne veulent plus laisser d'étrangers errer dans l'Etat sans être identifiés, que cette affaire n'est pas bonne du tout pour la réputation du pays....
Il nous conduit ensuite dans le bureau de son Directeur. Celui-ci, prend un air grave, plonge son visage dans ses mains en s'asseyant dans son fauteuil directorial. Il nous remercie d'être venus et nous explique la raison de notre présence ici.
"Tout d'abord, nous dit-il, il y a les mesures à prendre pour assurer notre sécurité, à cause de cette affaire d'enlèvement crapuleux. Mais aussi, vous avez été vus prenant des photos à Abuja...
- Oui, des photos de la cathédrale et de la mosquée, dit le Chef de Mission
- Et cela a obligé nos gens à Abuja à chercher qui vous êtes, ce que vous faites au Nigeria... Ayant trouvé que vous êtes ici dans le cadre d'un projet d'assistance au gouvernement de l'Etat, nous avons compris que vous ne menez pas d'activités anti-nigérianes. Aussi, tout va bien, je vais vous laisser faire votre travail sans autre remarque. Je vous remercie de votre coopération."
En me levant, je remarque sur son bureau, un livre de dévotions, qui ne manque pas de surprendre le laïcard que je suis !

Le coordinateur du projet, Joshua, nous raccompagne à notre hôtel, avec la promesse de s'occuper au plus vite de la prolongation de nos visas.

Depuis cette visite, chaque fois que je monte dans le pick-up du projet, je verrouille ma portière..

1 commentaire:

  1. salut vieux frère !
    ben au moins, ça fait des souvenirs... ok, c'est bof !
    bon, sans rire ; ça n'enlève rien à ton écriture...qui est toujours aussi agréable et fluide, toujours aussi détaillée et aussi vraie. alors rien que pour ça, continue à nous évader et à t'évader...

    bises

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