mercredi 20 juin 2007

PARANO FICTION !


A voir rester vides la liste de commentaires et ma boite e-mail, je peux soit deviner que le temps est trop agreable en France pour se coller devant un ordinateur, ou croire que l’Internet est affecte par un monstrueux virus qui bouffe au passage les innombrables emails qu’en realite vous m’ecrivez chaque jour…

Il y a peut-etre une autre explication, que je trouve bien plus satisfaisante, car tellement realiste… Tout concorde pour la rendre credible, alors que celle du virus, on voit tout de suite que ce n’est pas possible…

Ces dernieres semaines, le monde exterieur a l’Irak a ete completement englouti. Il ne reste plus rien de la realite que j’ai connue avant de venir me perdre ici. Simplement, pour ne pas desesperer Billancourt (enfin, Philippe, mais j’ai atteint un tel degre de paranoia que je peux bien me parer du nom de Billancourt… et de toutes facons, si vous n’existez plus, qui s’en soucierait donc !!!), pour ne pas desesperer Billancourt, disais-je donc, on a installe un ordinateur super puissant, dote d’un programme ultra sophistique.

Ce programme est capable d’analyser, a partir des mails, posts sur mon blog et autres conversations sur skype, l’ensemble de mon humeur et de mes emotions, puis de simuler des reponses appropriees, qui entretiennent l’illusion.

Toutefois, cet ordinateur n’est pas capable de simuler des messages autres que des reponses. Donc, si je n’ecris pas, je ne recois rien. Des lors, tester votre enthousiasme et votre envie de m’ecrire ne peut que me conduire au desespoir ! Et accroitre ma dependance au systeme de relations simulees !

Cette experience, digne des naufrages, (Lost) est d’une incroyable cruaute. Mais elle met a jour la relation de dependance qui se cree entre celui qui est loin et ceux qui sont restes. D’une part, elle accentue jour apres jour l’impression d’abandon, et d’autre part, elle recentre sur un nombre limite d’individus le nombre de communication emises. Sitot que je cesse d’emettre, le contact se deteriore. Il ne peut se regenerer qu’a mon initiative. Ce qui m’entrainerait, si je voulais maintenir tous les contacts, dans une epuisante activite de correspondance.

Cela montre bien, aussi, qu’on n’a pas forcement conscience, tant qu’on y baigne, d’etre dans un reseau de relations sociales tres denses et qui soutient notre vie personnelle, notre discours interieur se referant sans cesse a ces interactions simples et pourtant indispensables. Mais de meme qu’on n’a conscience de l’importance que de ce qui nous manque, c’est lorsqu’on est transporte hors de ce tissu, qu’on en eprouve tout le poids sur et dans notre vie.
Ce dont on n’a pas forcement conscience, c’est l’epaisseur de ce tissu, sa densite. En effet, on pourrait se recreer un reseau, mais il faut du temps pour recreer un reseau avec lequel on puisse evoquer des sujets personnels avec le meme degre de confiance.

Et c’est la que le programme de cet ordinateur de relations simulees m’impressionne : sa capacite a « deviner »le degre de confiance, la profondeur de la relation qui existe avec tel ou tel interlocuteur… ainsi que le ton, le type de langage, le vocabulaire, les sujets habituels… Ce qui suppose une puissance de calcul enorme, mais surtout des programmes d’analyse linguistiques et semantiques particulierement developpes !

Je voudrais me renseigner avec les collegues, pour verifier s’ils ont la meme impression que moi, a propos de ces relations simulees, mais je crains qu’ils ne soient des comparses de l’experimentateur cruel et vicieux… Car il est bien possible que rien n’ait disparu, mais que cette idee ait ete implante dans mon esprit, par des messages subliminaux, soit dans la musique qu’ecoutent les pretendus collegues de travail, soit a la pretendue television… comment savoir ?

2 commentaires:

  1. Ouhlà, la parano se porte bien en effet ! Qu'as tu mangé ou fumé aujourd'hui ?
    Pourtant, le 20 Juin, c'est un Mercredi, pas un jour de 'désoeuvrement' !
    Mais ça y est, mon esprit cartésien a compris : c'est la déprime du 1er mois qui survient !
    Courage, Kamarad, plus que 11. Promis j'arrête Skype et instaure le dialogue par commentaires.
    Trêve de plaisanteries.
    Comment vas tu dans la vraie vie ?
    Ta 'déprime' serait elle liée au passage à l'age ado de ton fiston?
    Voilà que je replaisante. Je me doute que c'est un peu hardos de se retrouver si loin et si exclu de tout. Skype moi quand tu veux.
    A +

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  2. Ben dis-donc, c'est qu'il arriverait presque à nous faire culpabiliser de ne pas coller de post-it sur son blog le garçon... Je reconnais que c'est pas sympa de notre part... Cela dit, à voir comment ça te titille l'imaginaire, je ne sais pas si ce ne serait pas te rendre service (finalement) que de ne plus intervenir ici... Tu finirais bien par nous sortir un roman avec ta version big brotherienne de Skype... Sois cool brother, c'est pas parce qu'on ne se manifeste pas qu'on ne pense pas à toi ou qu'on n'apprécie pas ta prose mais à trop flatter on lasse et c'est donc une façon de te préserver que de ne pas trop intervenir. Tes lecteurs, par leur absence, se transforment en muses. Take care et continue de nous régaler avec tes envolées keyboardesques !

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